Comparaison Su-XX et F-15


Le Sukhoi-27 "Flanker"

A première vue, on pourrait penser que dans le domaine de l'électronique embarquée et du système d'arme le "Flanker" ne fait pas le poids face a un 
F-15 C semblant disposer de ce qui se fait de mieux en Occident. Malgré tout, en y regardant de plus près, et bien au delà de ses capacités de vol, on va voir que celui-ci dispose d'atouts qui font de lui un adversaire sur lequel un F-15 peut et doit compter.

D'ailleurs, lors de la sortie du Su-27, les occidentaux ont tout simplement déclare que celui-ci avait une génération de retard concernant l'avionique et les équipements embarques a la seule vue de son cockpit !

Seulement voila, les russes ont toujours de loin privilégier les systèmes efficaces a la beauté, et leurs cockpits sont d'une finition aussi trompeuse que celle de leurs fuselages aux rivets martelés... D'une sobriété pouvant passer pour de la naïveté, mais cachant des qualités bien réelles...

Le Sukhoi 27 n'échappe pas a cette règle, loin de la...

 

On l'a dit, et c'est très visible sur l'image ci-dessus, le cockpit du Su-27 semble très dépouille, mais en l'étudiant bien, on peut voir quelques petites choses intéressantes.

En haut a droite, l'écran radar permet l'utilisation du radar Phazotron N001 "Zhuk", (dénomination OTAN "Flash dance").

Ce radar, dès le début, fut l'un des gros problèmes qui vinrent ralentir le développement du bel oiseau. En effet, les ingénieurs russes voulait équiper leur petit dernier d'une antenne "plate", a l'image de celui du F15, mais ils s'aperçurent qu'ils ne maîtrisaient pas cette technologie aussi bien qu'ils ne l'auraient voulu, ils se sont donc rabattu sur une antenne d'une conception plus ancienne, de forme parabolique (moins efficace, à largeur de balayage limitée, et surtout de moins bonne précision).

Pour la petite histoire, il n'est pas rare de lire ou d'entendre que ce radar utilise tout de même des technologies américaines, en particulier celles des APG-65 et AN/AWG-9 de Hughes Aircrafts, même si sa portée est supérieure... Le fait que le Su-27 ne puissent emporter le missile R-33 (contrairement au Mig-31) serait d'ailleurs le fait d'une incompatibilité de fréquences de fonctionnement radar-missile, celui du Su-27 utilisant une bande proche de celle des avions... américains !

On ne se refait pas... les russes ayant toujours maîtrise cette partie de l'innovation (la copie), il est tout a fait possible que cela soit vrai.

Malgré tout, le "Zhuk" possède les modes de fonctionnement propres a tous les radars modernes, avec des capacités "Look-down/Shoot-down" (recherche et tir vers le bas) et la possibilité de poursuivre une cible tout en continuant a balayer (Track While Scan)

Sa portée, selon les russes, est de 240 Km pour la détection, et 185 Km pour la poursuite, ce chiffre est en fait certainement a prendre a la baisse, et la portée pratique est selon d'autres sources d'une centaine de kilomètres (pour une cible de 3 mètres carrés).

Il a de plus une capacité multicibles qui lui permet la détection et la poursuite de 10 cibles simultanément, avec une analyse de la priorité a accorder a chaque menace. Par contre, il ne possède aucun mode Air-sol et limite donc le Su-27 a une utilisation en tant que "chasseur" uniquement.

Une capacité propre au Sukhoi est qu'il possède à l'arrière de son fuselage, dans "l'appendice" le prolongeant, une antenne radar couplée au radar principal et qui lui permet la détection de cibles a 40 Km derrière lui ! Il ne peut, par contre, pas les poursuivre.

 


 

Au dessous et a droite de cet écran radar se trouve un indicateur représentant une maquette avion autour de laquelle se trouve disposées quelques diodes... C'est bien le détecteur d'alerte radar, et son cote simpliste ne doit pas faire oublier que le sukhoi emporte un système de contre-mesures très efficace.

Des capteurs goniométriques permettent au système une détection dans un secteur de 360° autour de l'avion, et un brouilleur multimodes situe dans des pods en bout d'aile, permet de contrer une bonne partie des menaces.

En dernier recours, le Su-27 dispose aussi d'une batterie de leurres a vocation électromagnétique et infra-rouge.

 


 

L'un des équipement qui peut faire penser que le Su-27 n'est pas seulement une cellule fantastique sans électronique est le système electro-optique OEPS-27 qui permet la recherche et la poursuite de cibles grâce a un capteur infra-rouge couple a un laser de télémétrie.

Grâce a l'OEPS-27, le pilote peut détecter une cible en pleine post combustion a une distance de 40 a 100 Km (en fonction de l'angle de présentation) tout en restant parfaitement discret en ne se servant pas du radar. REDOUTABLE !!!!!

 


 

L'une des force du Sukhoi enfin, c'est son système de visée intégré au casque du pilote qui permet a celui-ci de designer une cible a tous les capteurs et missiles uniquement en dirigeant son regard sur celle-ci. Ce système, que l'on trouve actuellement sur peu d'avions dans le monde, donne un avantage décisif a un pilote qui peut accrocher et tirer une cible sans avoir a faire le travail parfois laborieux d'accrochage radar alors qu'il est en combat rapproche.

De même, les paramètres de vol restent affiches dans son champ visuel sans qu'il ai a regarder sa tête haute ou les indicateurs de vol.

Une anecdote réelle concernant cet équipement ?

Les premiers systèmes russes de visée par l'intermédiaire du casque utilisaient un système de cordelettes et de poulies attachées derrière le siège éjectable pour arriver a déterminer la position de la tête du pilote.

Sans garanties quand a l'issue possible d'une éjection...

 


 

Les versions dérivées et leurs atouts :

Le sukhoi-27 est l'un des avions ayant connu le plus de versions dérivées, et chacune a ses spécificités concernant l'avionique, ou presque.

 

Le Sukhoi 27 II :

Équipé d'un cockpit avec un écran cathodique multifonctions, cette évolution du Su-27 apporte juste des améliorations sur la partie contre mesures électroniques. Il aura sans doute de plus des capacités Air/Sol, ce qui explique le manche de commande place en banquette droite.

 

Le Sukhoi 30 MK :

Extérieurement similaire au Su-27 biplace, il dispose de nouveaux systèmes de navigation et d'un système d'échange de données avec d'autres avions, afin de distribuer les cibles sans utiliser la radio par exemple. Il dispose enfin d'une véritable visualisation RWR dédiée et d'un système HOTAS de contrôle encore amélioré.

Une autre variante du 30 MK existe en tant que PC volant. Optimisé pour les missions Air/Air, équipé d'une avionique moderne et d'un radar plus spécialement dédié a l'interception, il peut permettre le guidage d'un groupe d'avions en utilisant lui aussi un système de liaison de données.

 

Le Sukhoi 32 FN :

Optimise pour les missions Air/Mer a longue distance, celui-ci est équipé du missile ALFA anti-navires dont il emporte trois exemplaires. Ce missile, lance a haute altitude, vole a une hauteur de 65600 pieds (20000 m !), a une vitesse de Mach 2,5 - 3, avant de plonger dans sa phase de guidage terminale vers le raz des flots. Sa portée maximum est de l'ordre de 162 Nautiques (300 Km), il emporte une charge de 300 Kg, et utilise un système de guidage inertiel et GPS.

 

Le sukhoi 33 :

Version navalisée du Su-27, il apporte des fonctions radar optimisées Air/mer et des fonctions Air/Sol que n'a pas le Su-27.

 

Le Sukhoi 34 :

Ce biplace "cote a cote" dispose de fonctions lui permettant le suivi de terrain, le radar arrière, et peut lancer le missile R-73 vers l'arrière ! une version de reconnaissance a aussi été developpée.

 

Les Sukhoi 35 et 37 "Super Flanker" :

Chasseur de supériorité aérienne, il emporte quasiment en permanence des pods de brouillage en bout d'aile, et dispose d'un radar et d'une avionique grandement améliorée. Son radar gère l'ouverture synthétique (voir F-15E), peut poursuivre 15 cibles, et en engager 6 simultanément. Son cockpit est de type "tout écran" (glass cockpit). Le 37 a aussi des capacités Air/Sol qui en font un chasseur bombardier au même titre que le F-15 E.

 

Pour conclure, la famille Sukhoi 27 semble très bien équipée, et ses différentes versions la rende capable de s'attaquer (c'est le cas de le dire) a des missions très variées. Il est malgré tout difficile de trouver des documents pertinents sur les équipements (les sources se contredisent souvent allègrement).

Il apparaît tout de même que ces avions peuvent sans aucun doute espérer faire bien plus que de la figuration face a un avion tel que le F-15 ou le F-15E que nous allons essayer de voir en détails...

 


Le Boeing-Mc Donnel-Douglas F-15

La conception du F-15 n'a que quelques années d'avance sur celle du Sukhoi, et si les choix technologiques sont différents, on va rapidement s'apercevoir que les caractéristiques ne sont pas réellement différentes.

Les différentes variantes tout d'abord. On Peut distinguer deux grandes familles de F-15, les "A" et les "E", le reste n'étant que remodelage ou adaptation a des clients étrangers.

 

Le F-15 C "Eagle" :

Son cockpit est en fait aussi dépouillé que celui du Su-27 si on prend soin de ne pas se laisser impressionner par les belles sérigraphies et les interrupteurs bien polis. La plupart des indicateurs sont mécaniques, et seul un écran radar et une tête haute viennent égayer une cabine ou sont places une bonne centaine d'interrupteurs et cadrans.

Il fut tout de même le premier avion a être doté d'un système HOTAS méritant ce nom.

 


 

La réelle révolution, pour son époque (1975) , vient en fait de l'APG-63 de Hughes, premier radar multifonctions Doppler de son époque.

Dote d'une énorme antenne, avec une portée supérieure a 180 Km face a un avion du type des bombardiers "Bear" Tupolev, et un système de recherche et de verrouillage automatique, ce radar permet a un pilote de se décharger d'une part de la charge de travail qu'imposaient les versions précédentes. Il dispose en plus de la fonction Look-down/Shoot-Down tant enviée a ce moment.

Amélioré il y a quelques années (versions C et D) par l'ajout d'un nouveau système de traitement informatique, l'APG-63 a connu l'ajout de fonctions de cartographie du sol en haute résolution permettant des missions de nuit et par mauvais temps.

 


 

Les transmissions sont apparues comme l'une des grandes innovations de l'Eagle, il est pour cela équipé d'un système radio "Have-Quick II" qui résiste au brouillage et a l'interception par des changements de fréquence ultra rapides selon une logique programmée avant la mission.

Le système JTIDS d'échange de données tactiques lui permet aussi de se "connecter" a l'ensemble des avions présents dans son secteur pour avoir une connaissance accrue de son environnement. Chaque avion disposant de cet équipement peut connaître en temps réel la quantité d'armement, les informations radar et les menaces détectées par les autres F-15 de sa patrouille ou du secteur !

 


 

Le système interne de contre-mesures intègre un récepteur d'alerte radar dont l'écran est situe en bas a droite de la tête haute. Les antennes de réception et de brouillage sont quand a elles situées en haut de la dérive. Il emporte aussi des lance-leurres infra-rouges et électromagnétiques.

Le F-15 C emportait au départ jusqu'a 8 missiles Air/Air AIM-7 Sparrow, mais cet engin réputé pour son manque d'efficacité a été depuis remplace par l'AIM-120 AMRAAM qui fait, lui, le bonheur des pilotes.

Cet avion, bien qu'il soit un chasseur d'exception, ne comportait pas de fonctions Air/Sol, et sa principale évolution, le F-15 E, a révolutionné son emploi.

 

Le F-15 E "Strike Eagle" :

Le chasseur-bombardier de référence très certainement.

Développé a partir de la version biplace du F-15 C, il fit son premier vol en 1988. Plus qu'une différence esthétique, il présente des particularités internes qui font de lui un véritable camion a bombes, et sa capacité d'emport a d'ailleurs été augmentée de 6 tonnes par rapport a une version C ou B grâce a un renforcement de sa cellule.

Son cockpit, en plus d'accueillir les deux membres d'équipage nécessaires a son emploi, a subit une cure de rajeunissement complète: une tête haute holographique et trois écrans prennent place devant le pilote; 4 devant le WSO : Weapon System Officer (en français : Officier système d'arme). A noter, la place arrière a conservé le manche et la manette des gaz du biplace, contrairement a la majorité des biplaces d'attaque américains.

Le système HOTAS a été entièrement refondu pour permettre l'utilisation du radar APG-70.

Cette version améliorée de l'APG-63 déjà très efficace intègre de nouvelles fonctions Air/Sol et de navigation. En particulier, sa très haute définition des cartes radar du sol lui permet de distinguer non plus les pylônes électriques, mais la structure de ces mêmes pylônes. De même, le WSO a la possibilité de faire son repérage d'une cible au sol a longue distance, puis de geler la carte. Il va alors pouvoir guider l'avion et lancer ses armes pendant que le radar sera repassé en mode Air/Air pour assurer sa protection ou sera même coupe pour assurer une discrétion accrue.

L'APG-70 utilise un principe d'ouverture synthétique, terme signifiant que grâce a ses capacités de calcul, il va pouvoir générer une carte radar du sol en "grandissant" son antenne de façon artificielle. Pour cela, les retour de signaux sont analyses sur plusieurs balayages et les détails reçus sur chaque petite portion de la carte sont assembles par le processeur afin de créer une carte a grande échelle très précise... plus précise que je ne dois l'être d'ailleurs :p

image standard

image radar APG-70

 


 

L'une des nouveauté est aussi le système NCTR (non cooperative target recognition) qui permet d'identifier avec précision le modèle d'un avion accroché rien qu'en analysant le spectre d'une onde revenant au F-15 après avoir rebondi contre les ailettes du réacteur de la cible, déterminant ainsi le type exact de moteur et donc son porteur.

Autre système qui équipe les pilotes de F-15 E, le viseur de casque qui leur permet, comme sur le Su-27, d'accrocher une cible à portée visuelle rien qu'en dirigeant son regard dessus. Tout cela sans avoir a regarder sa tète haute puisque les paramètres de vol y sont projetés.

 


 

Dernier système, et non le moindre, le LANTIRN, système de navigation basse altitude et d'acquisition de nuit par infra-rouges, est constitue de deux pods fixes a l'avant du fuselage.

Il permet le suivi de terrain a une hauteur de 30 m grâce a sa partie TFR (terrain following radar) constituée d'un radar a faible puissance dirigé vers le sol.

Il est aussi composé d'une partie FLIR (forward looking infra red), permettant l'acquisition de cibles au sol, et très certainement en vol, ainsi que la désignation laser de ces objectifs grâce a un télémètre laser.

La partie FLIR est la même que celle emmenée sous le F-16 pour tirer l'armement guide laser.

Une histoire de pilote ?

Un passager emmène en vol de nuit a basse altitude a l' arrière d'un F-15 E fit remarquer au pilote qu'il distinguait nettement la cime des arbres. Le pilote lui aurait répondu :"c'est pire de jour, on voir les écureuils" :)