Frégate furtive du type Lafayette
Mis sur cale le 15 décembre 1990, mis à flot le 13 juin 1992, le La Fayette, premier d'une série de cinq bâtiments, a été admis au service actif intervient le 22 mars 1996.
Conçu principalement pour préserver et faire respecter les intérêts de l'Etat sur les espaces maritimes outre-mer et pour participer au règlement de crises hors Europe, ce bâtiment de combat de premier rang est également susceptible d'être intégré à une force aéronavale. C'est pourquoi, il est aujourd'hui une des composantes de la Force d'Action Navale. Il peut ainsi être amené à assurer, dans le cadre de ces missions, le soutien d'une force d'intervention ou la protection du trafic commercial, et à effectuer des opérations spéciales ou des missions humanitaires.
L'importance accordée à la réduction de sa signature radar et acoustique, sa conception modulaire et son degré élevé d'automatisation le désignent comme un bâtiment du XXl ème siècle, innovant à plus d'un titre.
Les installations de la plate-forme sont regroupées en modules tels que les deux modules de propulsion qui peuvent être de trois types différents selon la vitesse maximale souhaitée. Le gain de poids engendré par les superstructures en matériaux composites verre-résine a permis d'augmenter la charge opérationnelle.
Les frégates type La Fayette sont d'ores et déjà conçues pour être dotées du système ASTER Naval, de missiles anti-aériens à lancement vertical (SAAM).
En outre, les frégates type La Fayette peuvent embarquer un hélicoptère armé de 10 tonnes (Panther ou NH-90 en emport de missiles anti-navires AM 39 ou AS15) qui, grâce à l'action combinée de l'appareil à gouverner et des stabilisateurs anti-roulis, peut être mis en oeuvre jusqu'à mer force 6.
Pour réduire leur signature radar, les frégates type La Fayette combinent plusieurs innovations : l'inclinaison de la coque et des structures, la couverture des plages avant et arrière, l'utilisation de matériaux absorbants et la forme très dépouillée des superstructures.
Les circuits d'immunisation assurent une faible signature magnétique, tandis que les moteurs et les auxiliaires suspendus, les ceintures de bulles et les hélices ventilées limitent le bruit rayonné. L'efficacité opérationnelle des frégates type La Fayette est d'autant plus grande que leur capacité de résistance atteint le plus haut degré de fiabilité.
D'une part, le cloisonnement de la structure, la position et la redondance des équipements garantissent le fonctionnement des installations vitales en cas d'impact, et l'acier de blindage protège les zones sensibles. D'autre part, les matériaux de coque sont conçus pour résister aux déchirures, le compartimentage très semé du flotteur permet de limiter les conséquences d'une brèche et les matériels répondent à des normes sévères de tenue aux vibrations, aux chocs et à l'incendie. Le bâtiment a la capacité de traverser des zones contaminées.
Frégate La Fayette : Caractéristiques principales
Déplacement : 3200 tonnes (3600 pc)
Dimensions (mètres) : 125 x 15.4 x 4,8mètres
Vitesse : 25 noeuds
Propulsion : 4 moteurs diesel SEMT Pielstick 12PA6V280
STC, 2 hélices à pas variable
Puissance : 21000 Ch (15 400 kW), 1 propulseur d'étrave.
Usine électrique : 2250 kW (3 DA x 750)
Autonomie : 50 jours en vivres, 7000 nq à 15 nds
Equipage : 12 officiers, 68 officiers mariniers, 61 QMM
Système d'armes | Détection | Guerre électronique |
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L'ensemble des informations des différents senseurs du bord est traitée par le STI (Système de Traitement de l'Information) qui présente, au central opération, véritable cerveau électronique du bâtiment, la situation sur les différentes consoles du bord. Celui-ci est complété par OPSMER, un système d'aide au commandement en temps différé.
Conception
Mentionnons les étapes marquantes de l'avènement de notre frégate :
. 1988 - Mise en chantier. Les premières études s'achèvent fin 1990.
. 15 décembre 1990 - Début de la construction et mise sur cale.
. 13 juin 1992 - Mise à flot.
. 15 avril 1993 - Prise d'armement par la Marine nationale et début des essais.
. 15 décembre 1995 - Admission au service actif.
Plus qu'un simple constructeur naval, la DCN peut s'enorgueillir d'un rôle de recherche dont les mots d'ordre sont furtivité, invulnérabilité, discrétion acoustique, intégration des systèmes, nouveaux concepts de carènes, qualités indispensables aux exigences du combat naval de demain. La La Fayette, frégate novatrice, première de sa génération, témoigne de cette volonté affichée et permanente de progrès en constituant une nouvelle référence dans le monde de la construction navale militaire.
Les frégates type La Fayette cumulent les nouveautés.
À commencer par les matériaux, avec l'apparition et l'intégration des composites à l'acier et l'acier de blindage naval.
Déjà utilisés dans les industries aéronautiques, automobiles, du bâtiment, ces composites trouvent ici leur pleine application
Ils rendent les navires plus légers, moins détectables et plus résistants au combat et à l'érosion. Destinés aux parties hautes du navire, plage avant, superstructures, mâtures, ils abaissent son centre de gravité et améliorent sa stabilité. D'un point de vue purement opérationnel, remarquons une conductibilité thermique amoindrie, une furtivité accrue par l'addition de substances absorbant les ondes radar. Enfin, et ce n'est pas là la moindre de leurs qualités, ces matériaux composites s'avèrent plus économiques par des coûts d'équipement et d'entretien réduits, liés à l'absence de corrosion.
Une des avancées remarquables des frégates La Fayette réside dans leur conception modulaire. Jusqu'alors, la coque d'un navire était entièrement assemblée avant que les équipements n'y soient montés. Dans le nouveau programme le bâtiment est scindé en anneaux et modules, entièrement équipés avant la mise à flot, avant même l'assemblage. Ce procédé novateur, en faisant travailler les différents corps de métier, de façon contiguë - montage simultané des onze anneaux de coque, des quatre blocs de superstructures et des sept modules de systèmes de combat - permet un gain de temps remarquable.
La furtivité en question
Si l'on devait caractériser les frégates La Fayette d'un seul mot, c'est bien celui de "furtif" qui est dans tous les esprits. La furtivité n'est pas l'invisibilité car il est impossible avec les moyens actuels de faire disparaître une cible de l'écran radar adverse. Par contre, on peut diminuer la taille apparente (SER : Surface Apparente Radar) de façon à tromper l'ennemi.
D'une part, le bâtiment paraissant plus petit sur l'écran radar adverse, il pourra être mal vu (ou pas vu du tout) par l'ennemi ou bien confondu avec une cible différente (un petit bâtiment de pêche pare exemple). D'autre part, pendant l'engagement, le missile aura plus de difficultés à repérer sa cible. Il sera donc plus facile de le leurrer.
Pour rendre un bâtiment (ou un aéronef) furtif, il va falloir porter ses efforts sur deux axes :
Le dernier cas a fait l'objet de recherches par les marines du monde entier, car le guidage radar n'est pas le seul moyen pour un missile moderne d'atteindre sa cible ; il peut aussi se repérer d'après les émissions infrarouge. Pour diminuer la signature infrarouge (SIR), on ne dispose aujourd'hui que d'un moyen : l'isolation. Pour le programme La Fayette l'innovation concerne surtout l'usage du CVR (Composite Verre Résine) pour la confection des superstructures. Ce matériau léger et isolant a permis de réduire de façon significative la SIR des bâtiments.